B:
Mandelbrot relate sa découverte dans une interview donnée pour le mensuel
"La Recherche" de mars 1986. Il décrit tout d'abord son parcours
estudiantin quelque peu perturbé par la seconde guerre mondiale. Il passe avec
succès le concours d'entrée à Polytechnique sans avoir quasiment suivi les
cours des classes préparatoires. Il peut ainsi résoudre les problèmes
mathématiques par la géométrie, méthode qu'il maîtrise mais qui n'est plus en vogue
depuis que l'analyse algébrique a été imposée comme méthode universelle par
Bourbaki et enseignée comme telle. Le calcul est roi et l'intuition géométrique
est reléguée dans les oubliettes de l'histoire des sciences. B. Mandelbrot sera
d'ailleurs l'un des premiers avec R. Thom a exhumé cette vieille dame pour le
plus grand bonheur des physiciens. L'originalité de la formation de Mandelbrot
et son décalage par rapport à ce qui est enseigné classiquement constituent le
premier point ayant favorisé la découverte.
Par
la suite, il s'intéresse aux mathématiques appliquées et à leur utilité dans
divers domaines. L'économie le passionne et il remarque que les fluctuations à
long terme sont de même nature que celles à court terme, contrairement à la
théorie en cours qui suppose que la spéculation est la cause des "court
terme" et que les lois fondamentales de l'économie guident les "long
terme". Nous voyons ici apparaître la notion d'auto‑similarité où le motif
représentatif des fluctuations se retrouve à l'identique lors d'un changement
d'échelle ici temporel. Mandelbrot fera la même constatation lorsqu'il étudiera
les crues de différents grands fleuves. La variation du niveau des eaux suit
une loi auto‑similaire. Ce concept émergeant, il le retrouvera en linguistique,
en météorologie. Les notions de bruit, de fluctuations et de turbulence
difficiles à quantifier et à théoriser sont approchées par ce nouveau concept
qui englobe l'irrégularité du phénomène et son caractère auto‑similaire.
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