Le
tableau doit être considéré comme le couronnement de la chimie initiée par
Lavoisier. Malgré le changement de paradigme, on passe du corps simple à
l'élément, il n'ouvre pas d'horizon sur la chimie du XXème siècle. Mendéleiev
refusera la radioactivité et la transmutation des éléments qui remet en cause
sa foi inébranlable en l'individualité de l'élément et son inaltérabilité
(inspiré de la monade de Leibniz?), notion qui l'avait conduit au succès. Cette
foi inébranlable apparait également dans l'élaboration de la loi périodique à
partir des poids atomiques. Car les irrégularités ne manquent pas ainsi que les
approximations. La véritable régularité ne sera découverte qu'au début du XXème
siècle avec celle du cortège électronique : on passe en effet d'une case à une
autre sur une même ligne en rajoutant un électron sur la couche externe,
exception faite pour les métaux de transition entre autres où les sous‑couches
se remplissent tardivement. Le tableau périodique connut donc une phase
prédictive puis explicative grâce à la structure de l'atome.
Nous pouvons maintenant expliciter les grands points
de la démarche de Mendéleiev :
‑ Le besoin pédagogique d'une synthèse prédictive de
données disparates : retrouver une unité disparue,
‑ L'opposition métaphysique à l'hypothèse de Prout :
loi unique contre élément unique. A ce propos, Mendéleiev a été à bonne école
puisque son professeur à l'Institut pédagogique central de St Pétersbourg,
Voskresenski, avait fondé sa pédagogie sur la bataille des idées en science,
‑ L'abstraction des corps simples vers les éléments
correspond aussi à un glissement, à un décalage du concept fondateur,
‑ La vision globale, la prise en compte de critères
à l'encontre des habitudes (les dissemblances entre familles d'éléments),
‑ La foi
inébranlable dans sa théorie malgré des données peu intégrables dans le schéma.
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