lundi 21 juin 2010

En guise de résumé sur les erreurs à éviter

Comme il est plus facile de réfuter une théorie que de la valider, il sera plus facile d'énoncer les chemins qui mènent à l'erreur plutôt qu'à la connaissance et à l'innovation :

- Les fautes de méthodologie parmi lesquelles l'observation de faits contradictoires provenant d'un véritable artefact, la déduction incorrecte des conséquences d'une hypothèse, la vérification expérimentale non concluante pour cause d'erreur de manipulation ou de difficulté de reproduction (loi de Coulomb, fusion froide).

- Les fautes sur le cadre hypothétique : Les hypothèses formulées explicitement sont rajoutées aux prémisses qui correspondent au cadre hypothétique de base équivalent au paradigme en cours et englobant des hypothèses non dites car soi‑disant évidentes ou le plus souvent oubliées. Ces dernières relèvent souvent de l'intuition sensible (terre immobile, pas de mouvement sans action, ...) ou d'un souci de simplification (isotropie de la répartition des isotopes au début de la formation de la terre, pas d'apport de chaleur ultérieur pour le calcul du refroidissement de la terre, ...). Même si le raisonnement est juste, des prémisses fausses entraînent une théorie fausse. Si de plus ces prémisses sont invérifiables car inaccessibles à l'expérience ou à l'observation, la théorie se transforme en mythe. Ces hypothèses sont d'autant plus pernicieuses qu'elles sont implicites et cachées. Il faut pouvoir les exhumer pour tester leur véracité et valider ou réfuter la théorie associée.

Quelques chemins minés :

- Manquer d'ouverture d'esprit et s'enfoncer dans ses préjugés
- Rester dans sa discipline et s'y engluer
- Croire à la chose écrite sans discernement
- Penser que les choses n'existent qu'une fois leur explication trouvée
- Suivre les idées en vogue dans les hautes sphères pour avoir des subsides
- Occulter certains faits parce qu'ils ne collent pas avec la théorie en cours
- Reculer devant l'idée qu'on peut avoir raison contre tous
- A contrario penser qu'on est le plus subtil et rejeter l'aide de ses collègues
- Oublier les leçons des anciens même si la solution ne se trouve pas directement écrite dans l'histoire en particulier les méthodes de découverte
- Ne pas lâcher à temps une analogie qui pourrait s'avérer réductrice si elle est trop poussée
- Avoir une idée fixe et passer à côté de quelque chose de plus important. Il est notoire que Fleming laissa échapper pendant treize ans la découverte de la pénicilline en tant qu'agent anti‑bactérien pour les maladie humaines. Il cherchait en fait un vaccin contre la grippe d'un fort intérêt scientifique, économique et humain pour l'Institut dont il dirigeait les recherches et la pénicilline servait de désherbant pour ses cultures de virus grippal.

Nous terminerons par une note optimiste avec le cas de Képler qui s'obstina longtemps dans l'erreur mais qui fût malgré cela à l'origine de lois fondamentales. Pour lui l'ordre des planètes ne tient pas dans des proportions arithmétiques mais réside dans la géométrie, chaque planète occupant le centre de gravité de différents polygones circonscrits. Il y recherche l'harmonie divine à l'instar de Pythagore avec son harmonie des sphères. Quand il se décide à utiliser l'ellipse pour Mars, concept envisagé par Copernic mais aussitôt abandonné pour les raisons énoncées plus haut, c'est à grand contre-coeur puisqu'il doit y sacrifier l'harmonie divine. Et c'est en recherchant les relations existant entre les distances des planètes au soleil et les gammes musicales qu'il trouvera la troisième loi liant la distance au soleil à la durée de révolution. Ce sera Newton, en leur donnant une explication commune celle de la gravitation universelle, qui valorisera les trois lois de Képler que ce dernier considérait comme des résultats secondaires. In fine, l'explication des distances des planètes au soleil sera apportée à la fin du siècle dernier par Nottale via des considérations géométriques de l'espace‑temps. Képler en fin de compte tenait le bon fil, mais les concepts mathématiques nécessaires (fractales) ne verraient le jour que bien plus tard.

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