mercredi 16 juin 2010

Les erreurs méthodologiques (suite et fin)

On peut aussi être génial et inventeur d'une méthode scientifique qui portera ses fruits pendant plusieurs générations et ne pas être pourtant à l'abri de quelques divagations :
Descartes en effet réfute les théories de Galilée avec des arguments non recevables : il refuse l'action à distance, l'existence du vide et peuple l'univers de tourbillons pour expliquer la lumière.
En biologie, il introduit le concept d'animal‑machine, notion par certains côtés féconde pour l'explication de mécanismes vitaux (le coeur assimilé à une pompe, les vaisseaux sanguins à de la tuyauterie,...), mais qui s'avèrera avoir des conséquences déplorables quant au comportement de l'homme vis à vis de l’animal.
Sa méthode intéressante n'est certainement pas une panacée. Il a de plus présumé de sa puissance de raisonnement et il est resté trop isolé, trop confiant dans sa méthode, tout en refusant l'expérimentation qui aurait pu canaliser son imagination.

Un autre travers méthodologique est de voir des phénomènes parce qu'on veut les voir ou y croire. Cette technique est souvent payante, car elle guide la recherche, mais elle peut aussi mener à des impasses si l'intuition de départ est erronée. Même si la méthode suivie est scientifique, des prémisses fausses engendreront toujours des résultats faux. Les exemples les plus connus sont fournis par l'alchimie, qui a inspiré la chimie mais aussi l'a fourvoyée jusqu'aux travaux de Lavoisier, et par la phrénologie (Gall au XIX ème siècle) où l'on retrouve les bosses sur le crâne comme révélateurs du caractère humain. Ici l'hypothèse de départ, fausse bien sûr, est que les organes développés font pression sur la boîte crânienne (bosse des maths). Quant aux canaux de Mars et aux rayons N, qui voulaient les voir les voyaient !

Certaines expériences sont faites également pour apporter confirmation à une théorie mais ne sont en aucune manière significative : la théorie stipulait que les animalcules (anciens spermatozoïdes) sont produits par les femelles. Donc on allait disséquer une chienne après l'accouplement et on allait trouver effectivement les animalcules dans l'utérus. L'expérience n'a pas de signification mais semble conforter l'hypothèse. Elle a été réalisée au XVIII ème siècle par Buffon assisté de Daubenton et de Needham, pourtant trois grands noms de leur époque. Combien d'êtres vivants auront encore à souffrir de l’inconséquence de l'esprit humain ?
L'enthousiasme aidant, certains scientifiques sont portés à faire des généralisations un peu hâtives. C'est une des difficultés de la méthode d'induction qui veut établir des lois générales à partir de faits particuliers. La paléontologie est un peu sujette à cette maladie. Travaillant sur des thèmes délicats tels que l'homme préhistorique et avec des documents de travail statistiquement rares, il est fréquent de trouver des dérives dans l'interprétation des trouvailles : l'homme de Néanderthal deviendra ainsi l'exemple parfait 'du petit vieux arthritique'. Ce genre de raisonnement se retrouve dans les théories raciales où le comportement typique de quelques individus est généralisé à l'ensemble de la population.

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