lundi 21 juin 2010

Les erreurs liées aux facteurs humains

Le scientifique est avant tout un être humain et est soumis en tant que tel aux vicissitudes caractérielles de son espèce et ceci malgré tous les efforts faits en vue d'une rationnalisation de son comportement face aux problèmes posés par la Nature. La vanité, la mégalomanie, le goût pour l'intrigue ou le pouvoir, l'entêtement sur une hypothèse quelque temps confortée, la paranoïa parfois stimulante mais souvent empoisonnante sont, parmi les travers psychologiques les plus souvent rencontrés. Les péripéties bien connues de Galilée avec l'Eglise résultent d'un manque de diplomatie et d'une confrontation brutale avec les jésuites qui entendaient garder leur pouvoir en science; ce refus de l'héliocentrisme ne les empêchaient d'ailleurs pas d'utiliser en douce l'astronomie de Copernic pour leurs traversées missionnaires, efficacité oblige... Le caractère de Galilée, illustré dans un billet précédent, lui valurent quelques mésaventures et l'entraînèrent à avancer des idées fausses sur la forme des orbites (circularité) et sur les marées (sa théorie contredisait ses résultats en dynamique). La preuve expérimentale du mouvement de la Terre n'adviendra que bien plus tard en 1851 grâce au pendule de Foucault. A ce moment là, l'Eglise a déjà accepté l'héliocentrisme sans plus de raisons scientifiques. Le problème était donc bien ailleurs.

Le scientifique peut être soumis aux idées à la mode, aux idées reçues et aux préjugés intellectuels.
Prenons l'exemple de la génération spontanée. Ce concept n'est pas bien vu des conservateurs et des catholiques car invoquée pour la théorie de l'évolution de Lamarck et Darwin. Pasteur a bien vu juste avec la découverte de l'activité microbienne, ce qui rendra caduque pour des raisons scientifiques la notion de génération spontanée et renforcera le scepticisme des français au regard de la théorie de l'évolution.
La paléontologie humaine est peut‑être la spécialité qui a le plus souffert des préjugés culturels, des fantasmes et des dogmes, car touchant à l'origine de l'homme. Les techniques de datation sont restées très longtemps incertaines, les données étant très fragmentaires et énigmatiques. Les faux sont donc acceptés facilement et on refuse l'évidence de vraies trouvailles. Les généralisations hâtives, la sous‑estimation des capacités des ancêtres (Altamira), l'idée que l'évolution ne peut être que positive (contre exemple du chimpanzé) entraînent des vues erronées sur un sujet aussi délicat. L'idée que l'homme puisse avoir une origine unique en Afrique est en cette fin de millénaire quelque peu controversée après la révision de la datation de l'homme de Java. L'unicité, l'unification sont des thèmes très porteurs sans doute depuis l'époque où l'homme élabora le concept de principe essentiel unique à l'origine de la Création (Dieu, Allah, Jéhovah) ou de l'organisation de l'Univers (Tao chinois). Les preuves expérimentales fossiles ne sont en fait pas plus en faveur d'un ou de plusieurs foyers de développement de l'espèce humaine. La non découverte de fossiles dans d'autres contrées ne peut constituer une preuve de l'unicité des origines.

Nous terminerons cet aperçu par ce qu'on pourrait appeler le complexe de Frankenstein. Il s'agit ici de remplacer le Créateur et de percer le secret de la vie. La génération spontanée sera ainsi défendue par les matérialistes comme Engels qui réfute l'existence d'un créateur. Ce fantasme sera néanmoins porteur d'idées nouvelles puisque le concept de soupe primitive ou de constitution de la vie par des ressorts purement physico‑chimiques sera ainsi développé mais non encore poussé à son terme (Coparine, 1924, Haldane, 1929, Miller, 1953).

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