vendredi 11 juin 2010

Les erreurs désastreuses

Il en existe de deux sortes :

- Celles qui inhibent l'avancée de la science pendant plusieurs siècles. Nous avons déjà vu une idée fausse tenace mais féconde, celle de l'éther. Dans la majorité des cas les idées tenaces sont empoisonnantes. Ces erreurs pérennes au cours des âges révèlent d'ailleurs des travers humains ou des structures mentales génératrices d'erreurs.
- Celles qui vont à l'encontre des valeurs de l'humanisme. Elles sont en général liées à une idéologie politique particulière.

Quelques exemples d'erreurs tenaces et inhibitrices :

La théorie des quatre éléments des anciens grecs (l'eau, la terre, l'air et le feu) : elle a fourvoyé la chimie pendant deux millénaires jusqu'à Lavoisier au XVIIIème siècle et donné des divagations énormes en médecine avec la théorie des quatre humeurs d'Hippocrate. Ces principes seront utilisés jusqu'au XIXème siècle, comme l'existence de la bile noire à côté du sang, de la bile jaune et du phlegme. La méthode paraissait scientifique mais les prémisses étant fausses, la théorie ne l'était pas moins. En fait dans la pratique, les grecs utilisaient des thérapeutiques sensées, mais l'histoire n'a retenu que la théorie.

Les sept erreurs d'Aristote déjà citées : la plupart des erreurs n'ont été résorbées qu'à partir du XVIIème siècle et certaines, comme la notion de génération spontanée, dureront jusqu'au XIXème siècle. Instituées à l'état de dogme avec la scolastique des théologiens du XI et XIIème siècles au moment où le moyen âge redécouvre Aristote.

L'harmonie des sphères d'après Philolaos : chaque planète émet un son en fonction de sa distance au soleil et l'ensemble est harmonieux. Képler tentera encore au XVIIème siècle de trouver une harmonie d'ensemble aux planètes et n'abandonnera le cercle que contraint par ses mesures sur les déplacements de Mars.

L'école de Pythagore essaiera de relier tout élément naturel à des nombres. Cet effort intéressant dans son principe, conduira néanmoins les disciples pythagoriciens à raconter pas mal d'incongruités et leurs élucubrations mathématiques dégoûtèrent les scientifiques de tenter toute mathématisation du réel pendant plusieurs siècles. Le premier à rompre avec ce comportement fut sans doute Galilée, au XVIIème siècle, et l'on connaît le formidable essor que prit la science à la suite de ce changement d'attitude. Après une période faste, certains excès apparurent surtout à partir du XIXème siècle où la systématisation des mesures, dans des domaines peu aptes à se laisser enfermer dans la logique mathématique, conduisit les chercheurs au même type de divagations que leurs ancêtres pythagoriciens : par exemple, en raison de la toute puissance des statistiques dans les sciences naturelles, économiques et sociales. En cette fin du XXème siècle, les outils mathématiques ont cependant évolué et se sont adaptés à la description de phénomènes naturels : fractales, dérivation fractionnaire, éléments topologiques de Thom, relateurs arithmétiques, logique floue... Il est donc possible à présent de reprendre avec espoir le chemin pythagoricien, mais en gardant toujours en mémoire les limites des outils mathématiques quant à leur adéquation au réel.

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