mercredi 13 janvier 2010

Enjeu n°1 - Formation d'un esprit scientifique innovant

Je citerais en exergue B. Jarrosson (« Invitation à la philosophie des sciences », Seuil, Points sciences, 1992) : « La science n'est pas enseignée dans sa perspective historique... L'élève ne trébuche pas toujours par sa faute ; à force de lui cacher la genèse de ce qu'on lui apprend, la science scolaire s'enrobe d'un mystère qui accroît la difficulté. Un enseignement détaché de son histoire ne restitue pas le questionnement, si important pour le développement et la compréhension de la science... En revenant à certains moments forts de l'histoire, une nouvelle idée de la science émergeait pour les élèves et, avec elle peut être, une façon un peu différente d'envisager le métier (d'ingénieur) qui les attendait. La science sortait de son ghetto de discipline fermée pour devenir une ouverture sur le monde. »
Cette position se retrouve dans l'introduction de J. Dhombres à ses conférences sur l'histoire des sciences données à Centrale Nantes (1993).

Le questionnement est à la base d'une connaissance réelle (Bachelard G., "La formation de l'esprit scientifique", Vrin, 1972). Les concepts, énoncés sans la problématique qui a donné lieu à leur élaboration, seront privés de leur sens profond et certainement mal utilisés. L'histoire peut redonner du sens à la science en mettant en relief les conditions d'émergence des concepts et leur domaine de validité qui conditionne la plausibilité de la théorie dont ils forment l'ossature. Plus prosaïquement, elle stimule l'explication des formules, la vérification de leur homogénéité, l'interprétation de leurs divers paramètres et le rapprochement de diverses disciplines via l'analogie de leur structure.

Les concepts sont les éléments constitutifs de la théorie qui les rassemble en un tout cohérent. Après un rapide survol de l'évolution des modes de raisonnement, nous verrons que les critères de validation ou de réfutation d'une théorie, loin d'être universels, dépendent eux aussi en partie du cadre conceptuel de l'époque.
A cette occasion, il sera utile de préciser ce qui différence la pratique scientifique de la magie car les non‑scientifiques actuellement ont beaucoup de mal à distinguer les deux pour les raisons suivantes : l'image de la science relève plus du mythe que de la raison et des cautions scientifiques sont données à des pratiques magiques (analyse astrologique par ordinateur).

Une bonne part de la production scientifique est ou sera classée dans le lot des erreurs. Il serait dommage de n'en tirer aucun enseignement. Certaines erreurs dites fatales sont bonnes à connaître pour éviter de retomber dans leur piège létal. D'autres, plus bénignes, correspondent aux voies explorées transformées en impasses. Les répertorier fera gagner du temps. D'autres encore, les plus bénéfiques, féconderont tout un pan de recherche. Enfin, il est des erreurs tenaces, vieilles de plus d'un millénaire, dont l'analyse révèlera sans doute une structure archétypique caractéristique de l'esprit humain.

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