lundi 4 juin 2012

Rupture et décalage (1/3)


Dans les exemples précédents nous avons déjà identifié les points suivants :
-          Vision sous un autre angle de faits connus, changement de contexte
-          Prise de risque et remise en cause d'habitudes intellectuelles ou de principe scientifique de base
-          Changement d'un bruit, donc sans signification, en une information pertinente.

Nous allons ajouter et justifier trois autres points :
-          Prise à contre‑pied d'un raisonnement classique, inversion logique
-          Dévoilement des prémisses et des habitudes intellectuelles
-          Débranchement des mauvaises connexions neuronales.

L'inversion logique du raisonnement peut paraître en première approche comme peu rationnelle. Et pourtant les exemples sont là pour nous prouver que ça marche. Le premier remonte à 1821 où Faraday eut l'idée de construire un moteur électrique où l'énergie électrique est transformée en énergie mécanique, principe inverse de la dynamo. Personne n'y fit attention. En 1873, lors de l'exposition de Vienne, un technicien brancha par erreur une dynamo actionnée par une machine à vapeur sur une dynamo au repos. Cette dernière se mit alors en mouvement grâce au courant électrique fournit par la première dynamo. Le moteur électrique était réinventé. Il fallut donc qu'une deuxième inversion, celle­-ci technique, apparaisse accidentellement pour que l'idée soit acceptée.
Le deuxième exemple est celui de l'invention du phonographe par Edison. Dans sa jeunesse, il travailla en tant que télégraphiste et avait inventé un système d'enregistrement des points et des traits du morse sur un rouleau de papier. Plus tard cet appareil fut perfectionné pour en retour transmettre les impulsions électriques générées par la gravure des messages sur le rouleau. Mais le levier responsable de la lecture des gravures avait tendance à vibrer. A vitesse de rotation rapide du cylindre, il émettait même des sons continus. Au lieu d'essayer d'éliminer cet inconvénient, ce bruit, Edison par un renversement de logique, exploita ce phénomène et après quelques adaptations inventa le phonographe. Là le bruit devint réellement une information. Cela nous rappelle Pythagore écoutant le forgeron battre des barres de fer et en déduisant que les sons, dont la hauteur dépend de la longueur de la barre, sont des vibrations transmises par l'air.

 Le dernier exemple beaucoup plus récent (1995) nous sera fourni par l'idée de base d'un nouveau procédé d'amortissement des vibrations due à A. Le Méhauté et M. Capdepuy. Le principe couramment adopté pour dissiper de l'énergie, qu'elle soit vibratoire ou autre, est de la répartir dans un milieu qui la transformera en une autre forme d'énergie plus dégradée telle que la chaleur. L'idée, prenant à contre‑pied ce principe, fut donc de concentrer l'énergie en des points bien précis de la structure pour la transformer localement. Ainsi les vibrations ne se propagent plus dans la structure à amortir et cette dernière ne peut plus entrer en résonance. Ce principe (SPADD) est maintenant utilisé dans de nombreux domaines http://www.artec-spadd.com/.

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