lundi 4 juin 2012

Rupture et décalage (3/3)

Le dernier point de ce pôle consacré à la rupture concerne le débranchement de mauvaises connexions entre matrices intellectuelles. Koestler présente ainsi le problème : "Acquérir une habitude nouvelle est facile car l'une des grandes fonctions du système nerveux est de servir de machine à former des habitudes; se défaire d'une habitude est un trait d'esprit ou de caractère presque héroïque. La première condition de l'originalité est l'art d'oublier, au bon moment ce que l'on sait... S'il ne sait oublier, l'esprit demeure encombré de réponses toutes faites, et ne trouve jamais l'occasion de poser les bonnes questions." 
Certaines découvertes ont ainsi pu voir le jour parce que leur auteur ne savait pas qu'elles étaient théoriquement impossibles. L'histoire de la corde, du poids et du clou est édifiante. Un psychologue proposa à des étudiants de fabriquer un pendule en accrochant au mur à l'aide d'un clou une corde à laquelle était suspendu un poids. Seulement 50% des élèves trouva la solution en se servant du poids pour planter le clou dans le mur. Ceci est très révélateur du fait que la corde et le poids étant présentés attachés ensemble, ils formaient dans l'esprit des élèves un tout indissociable avec une fonction bien précise, celle de pendule et non pas de marteau éventuel. Dans cet exemple, les objets sont liés et les concepts associés également. Ce cas pratique peut prêter à sourire, mais parfois les liens entre concepts sont beaucoup plus subtils et d'autant plus difficiles à remettre en cause. Il existe une cohésion très forte entre les cadres de la perception et les matrices de la pensée.

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