jeudi 8 novembre 2012

Les analogies et leurs limites (2/2)


Si le modèle analogique est suivi trop strictement, certaines de ses conséquences ne seront pas forcément pertinentes pour le sujet traité et peuvent même inhiber la progression de la connaissance. L'idée de l'atome, introduite par Zénon d'Elée en 460 av. J.C., développée par Leucippe et Démocrite à cette même période, sera très controversée jusqu'à l'expérience décisive de Perrin en 1910. L'existence même de l'atome sera considérée comme évidente lorsqu'on aura réussi à le diviser dans les expériences de fission. L'atome, en tant que particule insécable par définition, disparaît donc au moment où son existence devient irréfutable ! La controverse à la fin du XIXème siècle faisait donc rage entre les énergétistes et les atomistes, les premiers reprochant aux seconds d'avoir fait d'une représentation, d'un concept imagé, certes commode, un véritable objet réel. Pour eux la petite phrase célèbre dans un contexte plus poétique « Dessine moi un atome » était porteuse de dérives dangereuses.
Les physiciens du début du XXème siècle ont beaucoup utilisé les analogies comme outil heuristique et l'atome de Bohr conçu comme un système solaire en miniature a imprégné des générations d'étudiants. Mais il a fallu dépasser les images analogiques pour aller plus loin en mécanique quantique, le monde microscopique n'ayant guère d'équivalent dans notre monde sensible.

Nous terminerons ces deux billets sur les limites de l'analogie par une citation d'I.Stengers : « Certains chimistes du XVIIIème siècle ont tenté de comprendre la réaction chimique à partir du concept newtonien de force d'interaction... par une analogie purement verbale ». 
Mais c’est Lavoisier avec ses bilans (il était fermier général, équivalent de nos TPG actuels) qui mettra la chimie sur les bons rails en démontrant la conservation de la matière durant les réactions, faisant naître ainsi la notion d’élément chimique. Les notions d’interactions atomiques ou moléculaires via le cortège électronique ne viendront que bien plus tard au XXème siècle.

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