La
théorie corpusculaire de la lumière, après une éclipse de plus de deux siècles
depuis Newton, est remise au goût du jour par Planck. Celui‑ci étudie
l'émission lumineuse d'un corps noir et s'aperçoit de l'analogie des formules
mathématiques décrivant le mouvement des molécules de gaz dans une enceinte close
et le spectre d'émission d'un corps chauffé dans un four fermé. En effet les
courbes de distribution des vitesses des molécules et de distribution en
fréquence de la lumière émise sont caractérisées toutes deux par une forme en
cloche (gaussienne). Les quanta lumineux seront donc des particules discrètes à
l'instar des molécules et cette astuce mathématique permettra d'ajuster la
courbe théorique à la courbe expérimentale en évitant le problème de « la
catastrophe ultraviolette » initialement prévue par la théorie du corps noir
(émission UV en masse, énergie infinie). La réalité des quanta sera néanmoins
prouvée par l'effet photoélectrique découvert par Einstein. Rappelons que ce
dernier eut l'intuition de la constance de la vitesse de la lumière en imaginant
le vol d'une mouette au‑dessus des vagues… à chacun ses références.
Quant
à de Broglie, le père de la double nature de la lumière et de la matière, ses
idées se cristalliseront brusquement dans son esprit à la fin de l'été 1923,
après avoir remarqué l'analogie de comportement en diffraction de la lumière et
des électrons ainsi que l'apparition de nombres entiers dans la description des
niveaux énergétiques des électrons dans l'atome de Bohr, ce qui faisait
fortement penser à une quantification. Par la suite la notion arbitraire
d'amplitude de probabilité fut introduite par une pirouette mathématique qui
mélangea, par imitation formelle, l'amplitude de l'onde et la probabilité de présence du corpuscule. Tout le
problème réside en fait dans le changement d'échelle, dans la réduction du
paquet d'ondes.
Enfin quelques brèves à la volée :
Laplace,
en vue de déterminer la vitesse de la lumière, construit son programme de
recherche sur l'analogie des lois en 1/r2 pour la gravitation et l'attraction
électrique.
De
Gennes emploie, pour décrire le comportement des polymères en solution semi‑diluée
(concept des blobs), les mêmes outils statistiques que ceux formalisant les
transitions de phase magnétiques.
Wessel,
cartographe, invente la représentation du nombre imaginaire dans le plan
cartésien, tel un point géographique déterminé par ses coordonnées
cartographiques.
La
morphologie des fullerènes fut entrevue par analogie avec le dôme de la géode
de la Cité des Sciences de la Villette à Paris.
Penrose,
à la recherche d'une explication pour l'existence d'une symétrie d'ordre cinq
dans les quasi‑cristaux, s'inspirera des pavages non périodiques du plan
apparaissant dans les oeuvres du dessinateur Escher.
Multiples
sont les sources d'analogie et chacun trouvera son inspiration dans des
domaines parfois très éloignés du sujet de recherche, au gré de la profondeur
de sa culture scientifique, philosophique ou artistique. Nous reviendrons plus
loin sur le rôle de la culture et de la civilisation dans les sources
d'inspiration.
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