Au milieu du
XVIIIe siècle, Lavoisier établit les fondements de la chimie moderne. Pour
comprendre cette révolution, il faut définir les concepts et les enjeux qui
guidaient auparavant la chimie et ce qui la distinguait de la physique. En
1699, Fontenelle, énonce cette distinction : "La chimie, par des
opérations visibles, résout les corps en certains principes grossiers et
palpables, sels, soufres, etc. mais la physique, par des spéculations
délicates, agit sur les principes comme la chimie a fait sur les corps; elle
les résout eux-mêmes en d'autres principes encore plus simples, en petits corps
mus et figurés d'une infinité de façons."
En clair,
la chimie s'occupe des réactions qui transforment les corps en d'autres corps
et la physique essaie de comprendre les interactions entre corps dont
l'intégrité est maintenue. La notion la plus importante est alors l'affinité
qui détermine quels corps peuvent se combiner entre eux pour en former de
nouveaux. On essaie en fait de comprendre pourquoi une réaction est possible.
Cette compréhension définitive viendra de la physique quantique qui explique le
comportement des électrons. Deux étapes intermédiaires ont été nécessaires
entre temps : la quantification des réactions qui a permis à Lavoisier de
définir le concept de corps simples puis la construction du tableau de
Mendeleïev qui ordonnait non plus les corps simples mais les éléments chimiques suivant de grandes familles dont le
comportement chimique était analogue.
Voyons
quelles sont les conditions qui ont permis à Lavoisier de faire entrer la
chimie dans les sciences modernes.
1° Tout d’abord son métier : il était
fermier général, c’est à dire qu’il était en charge de la perception des impôts
dans sa région. La trésorerie et les bilans comptables afférents n’avaient pas
de secret pour lui. Cette compétence, il la mettra en œuvre lors de son
passe-temps qu’était la chimie : il fera des bilans de matière en pesant
méthodiquement tous les ingrédients entrants et sortants d’une réaction
chimique y compris les gaz. Il démontrera ainsi que rien ne se crée et rien ne
se perd, qu’il y a en fait recombinaison des constituants de la matière qui
deviennent alors des corps simples et que ces corps simples ne sont pas
affectés lors de la réaction chimique. Ce transfert de méthode d’un domaine à
un autre s’appelle la bisociation et représente l’une des clés de la
créativité.
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