mercredi 29 janvier 2014

Les conditions d'appartition de la science moderne (2/4)


3) Tentatives d'explication de la divergence d'évolution entre la Chine et l'Occident

Tous les arguments présentés se veulent exempts de jugement de valeur et n'engagent que leur auteur.


·   Pragmatisme chinois / Intellectualisme occidental
Les avancées technologiques chinoises sont là pour étayer notre propos. Historiquement, l'Occident était fort en retard sur pas mal de points. Une remarque de Qiu Ping Wang, chercheur chinois en physique théorique à L’ISMANS, est elle aussi significative : "Pourquoi essayer de savoir comment on réfléchit, si on arrive à trouver la solution au problème posé, même très théorique comme c'est le cas en statistique fractionnaire ?". Descartes ne pouvait donc pas être chinois !

·   Globalité / Découpage analytique
Restons sur l'apport de Descartes. L'un des piliers de sa méthode est l'approche analytique : lorsque le problème est complexe, il faut le découper en sous-problèmes autant de fois qu'il est nécessaire pour arriver à trouver la solution. Cette approche a permis de faire évoluer avec bonheur toutes les sciences où la vision mécaniste et réductionniste du monde était pertinente. Cette méthode a donné ses fruits jusqu'à la mécanique quantique.Mais maintenant, il est nécessaire d'avoir une vision globale des phénomènes, une vision systémique avec prise en compte des changements d'échelle dans l'espace et le temps. Le tout n'est pas l'équivalent de la réunion des parties. Le développement des théories scientifiques avait sans doute besoin de ce passage par le réductionnisme et la simplification pour se libérer de l'Art des Correspondances. La philosophie chinoise privilégiant la notion de globalité (le tout est dans les parties et inversement) n'a pu ouvrir ce passage obligé car les phénomènes pris ainsi restent trop complexes à la compréhension et à la modélisation via les outils mathématiques. Bien sûr il faut tempérer ce type d'argument. L'exemple le plus frappant à ce sujet est sans doute celui de Leibniz qui s'inspira justement de cette vision systémique pour mettre sur pied sa "monadologie". L’invention du langage binaire utilisé en informatique est plutôt dû à un souci de simplification extrême.

·   Philosophie / Religion
Platon souhaitait mettre un philosophe/savant à la tête de sa République. Après l'explosion du Christianisme, religion révélée, le pouvoir établi s'est appuyé sur la religion pour trouver une certaine légitimité. La croyance remplaça le raisonnement philosophique et ceci jusqu'à la Renaissance. Ce vide laissé par la philosophie pendant quelques siècles sur la scène intellectuelle fut comblé par le développement du raisonnement tel que le préconisât Descartes. En chine, l'emprise de la philosophie fut continue depuis le VIème siècle avant J.C. Les différentes philosophies (taoïsme, confucianisme, bouddhisme) imprégnèrent la politique et la religion et cette continuité ne laissa aucune opportunité à une aventure intellectuelle alternative.

·   Auto-organisation de l'Univers / Dieu créateur
La cosmogonie chinoise indique que l'univers s'est organisé à partir de l'Un, qui à son tour engendra le Deux, le Yin et le Yang, qui engendrèrent à leur tour les Dix Mille choses. Il s'agit d'une auto-organisation sans l'existence d'un concept créateur comme le Dieu des religions du Livre. Ce Dieu créateur implique l'existence de lois préétablies qui régiront l'univers. Chez les chinois, il n'y a pas de lois préexistantes. Essayer de les découvrir, la raison d'être de la science occidentale, n'a donc pour eux aucun sens.

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